Voyance sur Internet :
Comment éviter les arnaques

Internet regorge d’offres de voyance gratuite, de services audiotel, de médiums tous renommés. Vincent Pailliez, qui exerce le métier depuis 13 ans, explique où sont les pièges. 

Une majorité des Français ne croit pas aux pouvoirs de divination des voyants. Mais la tentation est grande, même chez les sceptiques, de consulter une fois, juste pour voir. Car sur internet, les médiums ou les astrologues sont à portée de clic ou de téléphone. Les services audiotel qui promettent de révéler ce que l’avenir réserve abondent. On a l’embarras du choix, précisément, et très peu de moyens de distinguer les professionnels honnêtes des escrocs. C’est pourquoi les conseils de Vincent Pailliez, auteur de Voyance, dire là-haut ce que tout le monde pense tout bas (à paraître en mars chez L’Harmattan, dans la collection Antidotes), sont bons à prendre. Installé depuis peu en Loire-Atlantique, où il a suivi sa femme, comptable, il exerce le métier de voyant depuis treize ans, à son compte. A 39 ans, il travaille essentiellement par téléphone et connaît, de l’intérieur, ce milieu très peu réglementé, où tous les coups sont permis.

 

Evitons, pour commencer, un possible malentendu. Il n’est pas question, dans cet article, de fournir des trucs pour dénicher le voyant qui prédit la vérité à coup sûr. Qui peut juger de la qualité d’un présage, hormis l’intéressé? Et encore celui-ci devra-t-il souvent attendre des années avant de pouvoir vérifier si les nouvelles annoncées se sont réalisées… A défaut, on peut déjà espérer s’adresser à des professionnels sérieux, dont les prestations sont véritablement personnalisées et les tarifs, raisonnables. Une gageure, sachant que les « arts divinatoires » – la dénomination officielle – ne font pas l’objet d’une surveillance rapprochée de la part des autorités. La dernière fois que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) s’est penchée de près sur ces pratiques, c’était… en 2007. Elle estimait alors le nombre de praticiens des arts divinatoires à 50 000.

Eliminez les voyants-robots

Méfiance, d’abord, avec les offres de voyance gratuite. C’est le moyen qu’utilisent Isabella, Sara Freder ou Tara pour attirer les internautes sur leur site. Mais leurs visages inspirés de cartomanciennes, sur la photo de la page d’accueil, cachent en fait de simples logiciels. Lesquels envoient des messages programmés où l’on retrouve les mêmes phrases types d’une fois sur l’autre. « Faites le test, suggère Vincent Pailliez. Choisissez une voyante qui propose gratuitement ses services. Créez-vous trois adresses internet différentes. Ensuite, enregistrez-vous sur son site sous trois pseudonymes distincts, en donnant des adresses différentes, et comparez les courriels que vous recevez. S’ils se ressemblent, c’est qu’ils sont émis par un robot ».

Les numéros audiotel n’ont pas non plus ses faveurs. Ces lignes surtaxées sont tarifées au temps passé, le plus souvent à 0,34 centimes la minute. Vincent Pailliez a quelques bons arguments pour dénoncer un système qui pousse les praticiens à faire durer la conversation pour saler davantage la note. En France, la réglementation fixe toutefois une limite, puisque la communication est coupée automatiquement au bout de 30 minutes. Mais elle autorise aussi à mettre en attente plusieurs personnes sur une même ligne, en facturant ce temps d’attente… La plupart des services audiotel recourent, peu ou prou, aux mêmes astuces. « Pour commencer, on vous demande de rester en ligne et de patienter, raconte Vincent Pailliez. Puis on vous demande de choisir un voyant qui, bien souvent, est déjà occupé. Alors vous écoutez la fin de sa consultation avec un autre, tandis que le compteur tourne. Quand votre tour arrive, vous posez votre question. Il prend le temps de la reformuler. La réponse ne va pas de soi, bien sûr, et le voyant passe par de longs détours avant de conclure ».

La technique est d’ailleurs expliquée en détails sur le site voyance-pro.com, destiné aux professionnels de la voyance. Il y est écrit, noir sur blanc, que l’audiotel peut s’envisager comme une « pompe à fric », « avec pour principe d’attirer un maximum d’appelants prêts à payer pour faire la queue avant de poser leur question ». Les auteurs du site se fendent d’ailleurs d’une remarque pragmatique : « Pour fonctionner, ce concept nécessite de la part du responsable du numéro un manque total de moralité, et un très gros investissement en publicités ».

Faire confiance à son entourage

Comment, alors, échapper aux arnaques et trouver le bon praticien? Pour Vincent Pailliez, rien ne vaut le bouche à oreilles. « Commencez par interroger votre entourage », suggère-t-il. Bien souvent, les personnes qui consultent des voyants évitent de l’ébruiter, pour s’épargner les railleries. Mais elles n’hésitent pas à se dévoiler quand on montre de la sympathie pour l’extra-lucidité. Elles sont généralement prêtes à partager leurs bonnes et leurs mauvaises expériences. Et sinon?

Sinon, l’affaire se complique. Il existe des guides de la voyance, comme on trouve le Routard pour évaluer les hôtels ou le Michelin, les restaurants. Seulement, personne ne contrôle leur impartialité, et leurs appréciations n’engagent donc qu’eux-mêmes. Citons l’annuaire de l’Institut national des arts divinatoires (Inad), une association fondée en 1987 dont l’objectif affiché est de moraliser la profession, le Guidedelavoyance.com, ou encore l’Officieldelavoyance.org. Ce dernier site a imaginé un système de test en aveugle, où le voyant et le consultant ne se choisissent pas. A l’issue de l’entretien, le consultant donne son avis dans un compte-rendu, mis en ligne sur le site.

Dans tous les cas, Vincent Pailliez conseille de fuir les voyants qui se prétendent « grands », « de renom », « de haut niveau », « depuis trois générations », « vus à la télévision » ou « entendus à la radio ». Il suggère de s’interroger, avant d’appeler qui que ce soit, sur ce qu’on attend d’un  » bon  » voyant. Pour y réfléchir, on peut d’ailleurs lire ce qu’en pensent les professionnels eux-mêmes. Il existe actuellement deux chartes déontologiques, une sur le site de l’Inad et une autre sur le site Esopole (taper le mot « charte » dans la fenêtre de recherche pour y accéder). La première mentionne, par exemple, que « le consultant a droit au remboursement des sommes éventuellement versées à défaut de réalisation du résultat garanti ou promis ». De quoi inciter le voyant à la prudence et à la modestie… Son éthique, de toute façon, lui « interdit de faire état de certitudes, de garantir la réalisation certaine d’évènements ou la justesse de ses prédictions ».

Nombre de personnes recourent à la voyance dans un moment de détresse, avec une question précise en tête. Comme ce monsieur, que sa compagne avait quitté. Il a demandé à Vincent Pailliez si sa bien-aimée allait lui envoyer un texto le lendemain. Une autre fois, une dame qui avait perdu son chien est venu le consulter pour savoir où l’animal se trouvait. Dans les deux cas, il s’est déclaré incompétent. « Je ne suis pas magicien », commente-t-il, un brin ironique. Certains penseront qu’il est un mauvais voyant. Lui s’en fiche. Vincent Pailliez prend ses informations « Là-haut », mais rien d’aussi terre à terre que l’envoi d’un texto ou la localisation d’un chien égaré. Alors qu’est ce qu’un bon praticien, selon lui? « Le vrai voyant ne vous pose aucune question, il vous relate votre passé et votre présent sans vous interroger, affirme-t-il. Il vous décrit votre avenir avec précision, pas vaguement ». Ce serait, d’une certaine façon, le test ultime, pour savoir si on a affaire à un charlatan: ne rien dire, et laisser venir. 

 

 

Partagez directement sur FaceBook

 

 

La Rédaction

Equipe rédactionnel du site Guide de la Voyance à votre écoute.

Contact : 01.75.43.91.17

https://www.guidedelavoyance.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *