Anne Tuffigo « Ces âmes qui guident nos pas »

Par Anne Bouquet, journaliste

 

Medium spirite, clairvoyante, Anne Tuffigo partage sa vie entre ses consultations privées, ses médiumnités publiques au cœur d’associations d’aide au deuil et ses émissions auprès de la webradio BTLV.

Derrière son sourire et son élégance, Anne Tuffigo porte en elle une histoire lourde et riche en enseignement.

Cette médium ancrée dans son temps, lève le voile sur son parcours, sur son rôle entre le visible et l’invisible, dans son premier livre « Ces âmes qui guident nos pas».

Photo Ivan Kuzmin

Rencontre.

Anne Tuffigo, ce premier livre est l’occasion de revenir dans le passé, au temps où votre médiumnité vous a permis de mettre en lumière de nombreuses mémoires opaques et pesantes…

Petite fille, je voyais des « personnes » dans ma chambre, à l’heure du coucher. Parmi elles, une femme sanglotante venait me voir régulièrement.

J’ai compris un peu plus tard, qu’il s’agissait de ma grand-mère, Reine, que je n’avais pas connue.

J’étais très inquiète au moment d’aller dormir. J’avais bien conscience qu’un certain rituel s’installait et je ne savais que faire pour échapper à cela.

Ma grand-mère Reine ne cessait de pleurer et de demander pardon.

 

« Je sentais au fond de moi que des choses graves

s’étaient passées au sein de ma famille. »

 

J’ai souhaité avoir des réponses. J’ai interrogé ma mère.

Qui étaient mes grands-parents ? Pourquoi mes parents cherchaient tant à nous protéger mon frère et moi, comme s’ils voulaient nous protéger d’une certaine malédiction?

Pourquoi je sentais tant de souffrance et de non-dits autour de notre lignée ? Pourquoi notre famille n’était-elle pas au complet ?

Ma mère m’a alors raconté l’histoire.

J’ai alors compris la raison pour laquelle ma grand-mère m’apparaissait dans un flot de pleurs et de regrets.

J’ai ainsi découvert que ma grand-mère, qui était belge, avait vécu à Dieppe. Elle avait rencontré mon grand-père Gaston. Communiste, il avait été déporté dans un camp de concentration allemand.

Il a pu survivre et il est revenu en France, mais il avait conservé de lourds traumatismes de cette période noire.

Violent, imprévisible, il a fait vivre un vrai calvaire à Reine.

Celle-ci, déjà cardiaque et asthmatique, est devenue dépressive. Elle a séjourné à de nombreuses reprises en centre psychiatrique ou en maison de repos.

Elle avait pour projet de se suicider avec ses enfants…. Suite à plusieurs tentatives ratées, c’est seule qu’elle a mis fin à ses jours en se jetant dans la mer. Elle avait 52 ans.

Ceci est une partie de l’histoire. J’ai alors senti toute la colère, le désespoir et la haine jaillir de ma mère, elle qui avait vécu une jeunesse si sombre, si tortueuse.

 

Avancer vers le meilleur

J’étais une jeune fille sage, une excellente élève qui ne faisait pas de bruit.

Je visais l’excellence en tout. Je me mettais une pression constante. Je dois préciser que ma famille était très modeste.

On me surnommait « Le mur » car j’étais une enfant qui ne montrait rien. Qui encaissait tout. Et qui s’accrochait à la lumière. Je prenais sur moi.

 

Après des études en lettres modernes, vous êtes devenue enseignante. Brillante, vous vous êtes construit une vie agréable. Et pourtant, le destin a fait en sorte que votre médiumnité soit votre raison d’être.

Khâgne, Hypokhâgne, licence à la Sorbonne…J’ai suivi ma formation avec fluidité et succès. J’avais 24 ans, j’étais insérée dans la société, avec ma passion pour la littérature chevillée au corps.

En apparence, tout allait bien. Mais en parallèle, je ne me sentais pas réellement à ma place. Mon corps parlait pour moi, moi qui ne me plaignais jamais.

Et puis j’étais très inquiète. Ma mère enchaînait les problèmes de santé depuis plusieurs années. Elle sombrait peu à peu dans un état de dépression sévère.

Mon père, qui a toujours été un roc pour notre famille, portait tout à bout de bras. Mon frère, militaire de carrière, partait en mission en Afghanistan. Il y avait comme une chape de plomb qui virevoltait au-dessus de nos têtes.

Un jour, j’ai reçu un appel de mon père : ma mère s’était « enfuie ». Les recherches ne donnaient rien. Je savais intuitivement que notre vie allait basculer.

Quelques heures plus tard, un nouvel appel : ma mère avait été retrouvée, décédée.

 

« J’ai ressenti un grand vertige. La terre s’ouvrait sous mes pieds. »

 

Cherchant encore à assurer, à être forte, j’ai traversé cette épreuve terrible comme un automate.

Avant les obsèques, j’ai glissé une lettre dans le cercueil de ma mère.

Sur mes écrits, je lui demandais notamment de me faire signe, de maintenir le dialogue maintenant qu’elle était dans le monde invisible.

Ce geste symbolique a ouvert des portes. Les verrous ont sauté. Très rapidement, j’ai reçu ses messages.

Tout a alors changé.

 

« Je ne pouvais plus continuer à mener ma vie comme avant. »

 

Le canal médiumnique s’est ouvert totalement.

 

Un medium à Paris vous a aidée à vous épanouir avec vos capacités médiumniques. Et vous avez ensuite pris un virage à 180 degrés…

Je me sentais toujours aussi seule. L’impression de ne pas être à ma place ne me quittait pas. Et pourtant, j’avais fourni tant d’efforts pour en arriver là ! Ce malaise ne me quittait plus.

De plus, ma médiumnité était un secret. Elle était sauvage et indomptée. Elle était d’une certaine façon « polluante » et déstabilisante. Je ne pouvais en parler ni à mon père, ni à mon frère.

 

Une rencontre, un destin qui s’écrit entre terre et ciel

J’ai eu la chance de rencontrer un medium, Michel, par l’intermédiaire d’un ami.

J’avais enfin un interlocuteur à qui je pouvais me confier et me montrer telle que j’étais ! Quel bonheur, quel soulagement !

 

« Michel m’a fait travailler,

il m’a appris à canaliser mes perceptions, à me connecter pleinement. »

 

Il donnait des médiumnités publiques dans une célèbre salle spirite à Paris. Un jour, il m’a demandé d’assurer une séance publique dans ce même lieu. J’étais en proie au doute et au stress. Mais tout s’est déroulé magnifiquement.

J’avais en filigrane un très mauvais ressenti sur Michel. Je ne cessais de lui demander si tout allait bien pour lui.

Quelques mois plus tard, un 3 décembre (le même jour que le décès de ma mère) il est décédé, suite à un cancer foudroyant.

 

« J’étais seule mais j’avais une clé entre les mains

pour ouvrir la porte sur ma nouvelle vie. »

 

Des associations d’aide au deuil de toute la France, m’ont demandé de venir animer des conférences et des médiumnités publiques.

Quelques mois auparavant, j’avais accepté mes facultés. Mais je me demandais :

 

« Que puis- je en faire ? »

 

Les événements m’ont apporté la réponse…

Le fait de me sentir en devoir d’aider des personnes endeuillées m’a permis de balayer mes peurs et mon manque de confiance en moi.

Un an plus tard, j’ai quitté mon poste d’enseignante. J’ai annoncé les choses à mon père -à qui j’avais menti par omission- et à mon frère. J’étais soulagée.

 

« J’ai ensuite ouvert mon cabinet de medium et de clairvoyante à Paris. »

 

Depuis une dizaine d’années, je reçois en cabinet pour des contacts avec les défunts, des consultations de voyance et j’anime toujours bénévolement des médiumnités publiques là où on me le demande.

Je me suis laissée portée par cette énergie. J’ai rempli ma mission en solitaire. Les choses sont venues à moi. J’ai suivi le mouvement.

Au début, j’étais énormément sur les routes. C’était comme un test du feu.

 

« Le bouche à oreille m’a permis de me lancer sereinement. »

 

Aujourd’hui, je reçois autant pour de la voyance que pour de la médiumnité. J’ai nourri une passion pour le travail médiumnique sur l’immobilier. Je capte les énergies, l’histoire d’un lieu de vie et je peux ainsi conseiller des personnes sur leurs projets immobiliers. À ce titre, j’anime des émissions sur ce domaine, à l’antenne de la web- radio BTLV.

Autre centre d’intérêt qui m’anime profondément : les vies antérieures. J’aime déambuler dans les couloirs du temps et partir à la recherche de la source de certaines problématiques qui peuvent se répéter inlassablement. Tout ceci est passionnant et tellement libérateur pour le consultant !

 

Votre livre est consacré à de nombreux récits de séances médiumniques. Une invitation à prendre la mesure de la puissance d’un contact avec l’invisible…

J’ai ressenti le besoin de dérouler le fil de ma vie en première partie. Comme pour me mettre à nu, pour expliquer ce qui m’a conduit à prendre ce chemin il y a dix ans.

Le but de cet ouvrage était aussi de montrer que les personnes qui poussent la porte d’un medium, viennent de tout horizon. Il n’y a rien d’extraordinaire à aller consulter quelqu’un qui peut être un intermédiaire entre le visible et l’invisible, qui peut voir dans le temps.

Ce métier est synonyme d’accompagnement humain. À travers ces scènes de vie entre visible et invisible, je souhaitais humaniser la fonction de medium et remercier de tout mon cœur mes consultants.

Toutes ces histoires intimes ont une portée universelle.

Ces âmes que nous avons tant aimées, guident nos pas. Elles sont toujours là, près de nous.

 

 

Site web : http://www.anne-medium.com

Consultations en cabinet, à Boulogne-Billancourt et par téléphone.

Livre « Ces âmes qui guident nos pas », Anne Tuffigo, éditions Flammarion.

 

 

 

Anne Bouquet

Anne Bouquet

Interview, rédaction d'articles sur des parapsychologues, énergéticiens...etc

1 commentaire sur “Anne Tuffigo « Ces âmes qui guident nos pas »

    Hamsiou

    (15 octobre 2018 - 17 h 28 min)

    Merci d’avoir relayé le livre d’Anne Tuffigo. Ce livre retrace un chemin de vie extraordinaire d’une femme qui a su faire preuve d’humilité, d’altruisme et d’excellence. Parlons aussi du style :Anne est un écrivain avant tout. Un livre truffé de références littéraires et historiques qui montrent le puits de connaissances de notre médium (pour l’enseignante que je suis, c’est important…) . C est un livre qui nous donne des clefs de compréhension du pourquoi des événements parfois tragiques. Ce livre est une très belle œuvre littéraire qui fait beaucoup de bien. Bravo Anne Tuffigo.

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